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Tellement semblables dans nos différences : handicaps et diversité

Photo du lancerment journée de la paix

Soirée de lancement des Journées de la paix : Célébrons la différence et travaillons de concert pour la paix » tenue le 20 septembre 2019

À l’occasion de la Journée internationale de la paix et sous le thème « Célébrons la différence et travaillons de concert pour la paix» le 20 septembre dernier, j’ai eu l’honneur de participer au lancement des Journées de la Paix et de l’harmonie sociale. À l’invitation du Réseau pour la paix et l’harmonie et de la Ville de Montréal. J’ai participé à un panel fort intéressant et je devais répondre à cette question :

« Comment votre différence a-t-elle fait votre force? »
Et voilà comment a été ma réponse :

‘’Madame la mairesse Valérie Plante, M. Bronfman, permettez-moi, au nom de l’INÉÉI-PSH et en mon nom personnel, de vous remercier, pour cet accueil et cette belle main tendue pour la réalisation de la société équitable et inclusive.

Je suis une femme immigrante vivant en situation de handicap : une limitation visuelle sévère ce qu’on appelle une amblyopie. Il y a près de 25 ans, je suis arrivée de mon Algérie natale grâce à un regroupement familial, rejoindre mon mari arrivé avant moi comme réfugié politique fuyant le terrorisme.

Oui, je suis une survivante du terrorisme, mais aussi une déracinée qui a quand même réussi à s’enraciner dans sa terre d’accueil qu’est le Québec, je suis devenue une Montréalaise à part entière.

Mon intégration sociale s’est faite assez aisément je l’avoue. Un privilège dû à la maitrise de la langue et l’acquis de la diplomation. Mais j’ai dû vivre de réels défis et les obstacles étaient nombreux. Car voyez-vous, dès mon arrivée à Montréal, j’ai constaté que je portais non pas une, mais des différences. J’ai pris conscience de ma réalité en tant que femme immigrante handicapée devant non pas prendre, mais faire sa place.

Oui, cela a été un défi de plus. Mais aussi un stimulant qui m’a permis de découvrir mes forces. J’ai travaillé fort pour faire ma place, mais il faut reconnaître que cet exercice était une vraie course à obstacles : diplôme universitaire non reconnu ; expérience de travail d’un pays étranger non reconnue; vous n’avez pas l’expérience québécoise…pour ne citer que ceux-là. Oui je veux bien croire qu’il faut prendre sa place pour acquérir l’expérience québécois, mais encore faut-il que celle-ci soit accessible !  Simple exemple : une offre d’emploi : même si j’avais les compétences nécessaires, en plus d’avoir l’expérience québécoise (critère non écrit), mais oh combien présent dans l’esprit des employeurs, venait s’ajouter ma limitation : dois-je en parler ou pas? Toujours un dilemme. En outre, je n’étais pas la seule dans cette situation. Oui, j’excellais en tant que bénévole, très engagée, talentueuses, etc., mais pas en tant que travailleuse. J’ai constaté que ma société d’accueil avait elle aussi ses propres exclus et marginalisés. Les inégalités et l’iniquité persistaient pour un groupe plus qu’un autre. J’ai réalisé que des personnes handicapées surtout les femmes et les enfants, nés au Québec vivaient autant de défis et de difficultés. Ce constat m’a fait découvrir ma passion et mon engagement. Ma différence est devenue ma force pour le changement social durable. La société, sécuritaire, inclusive et égalitaire serait possible si, collectivement nous prenions les moyens de la réaliser. Je vais vous donner un exemple simple : quand la ville et la STM ont instauré la synthèse vocale dans les autobus, cela avait changé ma vie. Cette évolution vers l’accessibilité universelle m’a rendu mon autonomie et m’a permis d’éliminer toute l’anxiété et le stress que je vivais à chaque fois que je prenais le bus, ce qui était une réelle aventure. La ville intelligente et le développement durable pour toutes et tous, voilà une action concrète pour la réalisation de la société inclusive.  

Ce soir, faisons un exercice, regardez autour de vous, combien de personnes handicapées voyez-vous ? Une, deux, oui on peut parfois les compter sur les doigts d’une main seulement. Aucune, pas très nombreuses me direz-vous, surtout si on sait que près de 15% de la population est en situation de handicap. Eh bien, se pourrait-il que l’on oublie une bonne partie de cette population ? Se pourrait-il que malgré toutes les avancées nous continuions à exclure une bonne partie de notre population ?

Les journées pour la paix et l’harmonie sociale sont synonymes d’inclusion et de cohésion sociales, sans la participation et l’inclusion sociale et économique des personnes handicapées cela restera un idéal sans plus. Permettez-moi de croire que si je suis ici ce soir, c’est que nous avons choisi en tant que société que cela devienne une réalité.   

Oui des pas de géants ont été faits, mais, nous avons encore du chemin à faire alors faisons-le ensemble. Depuis mon arrivée à Montréal, j’ai choisi de me réaliser et de contribuer à la consolidation de notre société. J’ai choisi de faire ma part et d’être un des maillons forts qui soutiennent et renforcent cette chaîne sociale pour la paix et l’harmonie. Au bout du compte nous sommes tellement semblables dans nos différences et aspirons toutes et tous à la paix et l’harmonie.’’

 

Selma Kouidri
Directrice générale
INÉÉI-PSH

 

Soirée de lancement des Journées de la paix : Célébrons la différence et travaillons de concert pour la paix » tenue le 20 septembre 2019 ​

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